Avant d'aborder la physiologie du poisson et les diverses pathologies, je vais faire une brève introduction schématique sur le problème des nitrites et des nitrates.
En effet, il est impossible d'avoir un milieu sain si les conditions environnementales ne sont pas optimales pour le poisson.
Le cycle de l'azote :
Les végétaux, les déjections du poisson, la nourriture abondante, etc... produisent des produits azotés organiques qui subissent une dégradation protéolytique par des bactéries (Bacillus, Bacterium,etc...) et par des champignons qui conduisent à la production d'acides aminés qui sont décarboxylés (CO2) ou désaminés (NH3 = ammoniaque), c'est
l'ammonisation. Ce NH3 qui peut provoquer des troubles nerveux est alors soit assimilé par les plantes ou dissimilé, c'est-à-dire transformés en N2 qui est volatile ou alors
c'est la voie la plus importante il est utilisé par des microorganismes prototrophes où il subit la nitrification qui se divise en deux étapes.
La nitrosation qui est l'oeuvre principalement de nitrosomonas qui donne des nitrites qui sont soit dissimilés ou qui subissent la deuxième étape qui est
la nitratation due à nitrobacter qui fabrique des nitrates assimilés par les végétaux ou eux aussi dissimilés.
Notez que certaines bactéries peuvent en faible quantité faire le processus inverse c'est-à-dire transformer les nitrates en ammoniaque mais le phénomène a une incidence limitée sur le cycle.
Si ce processus est important c'est que
les nitrites sont très toxiques et produisent une transformation de l'hémoglobine en méthémoglobine incapable de transporter l'oxygène, les nitrates sont quant à eux peu toxiques sauf à des doses très élevées, les symptômes sont pour les poissons une incapacité à nager droit et une difficulté respiratoire et pour les végétaux une diminution de croissance.
Les conséquences pratiques sont les suivantes :
- lors de la mise en route d'un aquarium, il faut attendre environ 3 semaines avant de mettre les poissons les plus sensibles (scalaire, guppy, etc...) et commencer par des plus résistants (veuve noire par exemple), en effet à 7 jours on a une poussée d'ammoniaque ce qui favorise les bactéries de la nitrosation, puis au 17 ème c'est le début de la nitratation, l'équilibre est atteint vers le 24 ème jour. Là, il ne reste plus qu'à vider régulièrement un dixième de l'eau afin de supprimer les éventuels nitrates en suspension. Pour faciliter cette étape il existe plusieurs moyens, on peut "ensemencer" avec un morceau de filtre d'un autre bac ou alors acheter des sachets lyophilisés contenant un mélange bactérien ou bien utiliser une méthode plus artisanale et ancestrale en ébouillantant une moule avant de la dilacérer finement afin d'obtenir du jus à mélanger à l'eau.
- lorsqu'on est amené à devoir traiter les poissons contre une maladie, il faut enlever le charbon de bois afin d'éviter la désactivation des médicaments par ce dernier, mais surtout il faut bien penser que parmi les bactéries du filtre qui servent aux étapes décrites ci-dessus que certaines seront détruites et il y aura un risque de "poussée" de nitrites ou d'ammoniaque, c'est pourquoi juste après l'achat il vaut mieux mettre le poisson en quarantaine dans un autre bac qui tourne lui aussi depuis trois semaines afin de pouvoir le soigner individuellement en cas de problème et ainsi ne pas risquer de contaminer les autres et aussi et surtout éviter des mortalités par intoxication...
Ne pas oublier non plus que lorsqu'on achète des poissons d'eau chaude, le transport entre le magasin et le domicile s'accompagne d'une baisse de température même en prenant des précautions ce qui peut favoriser l'apparition de pathologies et notamment du "point blanc" (voir plus loin sur la page) et il faut donc mettre en contact pendant une demi-heure le sac plastique avec la paroi de l'aquarium afin d'éviter un choc thermique...
La physiologie du poisson :
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'en plus des nageoires qui servent au déplacement du poisson et des écailles qui protègent sa peau, celui-ci possède des barbillons autour de la bouche qui lui permettent de rechercher sa nourriture de même qu'une "ligne latérale" qui se trouve de chaque côté du corps et qui est composée d'une multitude de récepteurs nerveux qui sont sensibles aux variations de pression ce qui lui assure une réaction rapide face au danger.
Son système respiratoire est constitué par les branchies qui est un ensemble de membranes où l'eau entre en contact avec le sang ce qui facilite l'échange oxygène/CO2. Si le mouvement respiratoire s'amplifie ou s'il vient à la surface la bouche grande ouverte, c'est soit qu'il est malade ou qu'il manque d'O2 notamment lors de forte chaleur à ce moment il faut où changer une partie de l'eau ou installer une pompe fournissant de l'air ou encore installer dans l'aquarium "pastilles" spéciales qui vont de dissoudre en libérant de l'oxygène.
Un organe important et méconnu est la vessie natatoire qui est remplie de gaz et qui permet au poisson de monter ou descendre dans l'eau, si celle-ci est atteinte (tumeur, malformation ou infection, etc.) il va commencer à se déplacer de manière "ébrieuse" dans son bac et même parfois faire un "looping".
La reproduction est chez la majorité d'entre eux ovipare et la fécondation est très souvent externe, ils peuvent pondre sur les graviers, attacher leurs oeufs aux plantes ou faire un nid en surface ou même incuber leurs jeunes dans la bouche ce qui est le cas chez certains Cichlidés. D'autres sont vivipares (guppy, platty, etc.) et ils peuvent dévorer leurs jeunes qui viennent au monde vivants c'est pourquoi il faut utiliser des "maternités" afin d'éviter des mortalités importantes.
En ce qui concerne la nourriture il faut la distribuer avec parcimonie afin qu'il n'y ait pas de surcharge graisseuse pouvant déboucher sur une cirrhose ou une hydropisie
(gonflement du ventre contenant un liquide jaunâtre) et qu'elle ne se putréfie pas au contact de l'eau (voir le cycle de l'azote). Elle doit être consommée en quelques minutes...
Les maladies les plus fréquentes :
Les protozoaires
La plus connue et la plus terrible est sans conteste
L'Ichtyophtiriose ou "maladie des points blancs" :
C'est Ichtyophtirius multifiliis qui en est la cause, il se loge dans l'épiderme du poisson et se nourrit de liquide cellulaire avant de se reproduire dans le fond de l'aquarium à l'âge adulte. Le point blanc vient d'une hyperproduction de cellules épidermiques afin de contrebalancer l'attaque parasitaire. Il est très contagieux, profite d'un changement de température ou du stress du transport pour infecter sa proie. C'est pourquoi une quarantaine est primordiale. De nombreux traitements existent.
La maladie du velours : elle est spécifique de l'eau douce et est consécutive à une baisse de température; la peau prend une coloration gris jaunâtre et ressemble à du "velours". Le poisson se frotte activement contre les pierres et les plantes, le décès survenant après quelques semaines.
L'hexamitose : le poisson atteint se tient sur les graviers et sa peau s'assombrit dans la partie caudale du corps et les yeux s'entourent de liserés blanchâtres. Le parasite s'attaque au système digestif et circulatoire.
L'opacité de la peau : elle prend une teinte bleutée puis elle se désagrège provoquant des saignements. Le poisson s'asphyxie suite à l'atteinte des branchies. L'animal a tendance à se frotter contre les rochers.
La trypanoplasmose : elle se caractérise par un amaigrissement et par une inclinaison du corps la tête dirigée vers le bas et tient son origine dans une infection par Trypanoplasma qui détruit les globules rouges. Le pronostic est sombre.
La pleistophorose : elle touche principalement le néon chez qui elle provoque une décoloration de la membrane médiane et une nage désordonnée avec la tête dirigée vers le haut suite à une destruction des fibres musculaires.
Les virus
La lymphocytose : elle est très fréquente et est marquée par des nodules blancs qui se forment sur le corps et les nageoires suite à une hypertrophie du tissu conjonctif.
La papillomatose : apparition de masses en "chou-fleur" qui obstruent la bouche et empêchent une alimentation correcte.
La virémie printanière : maladie d'eau douce avec mortalité élevée, hydropisie, protrusion de l'anus, hémorragies cutanées, exophtalmie, peau de couleur sombre.
Les bactéries
La columnariose ou "mousse des lèvres" : l'apparition est subite, le poisson qui nage en zigzag est recouvert d'une mousse bleutée qui prend une proportion importante dans la
région buccale. La nageoire caudale est parfois effrangée. L'atteinte des branchies provoque l'asphyxie.
La peste d'eau douce : elle est présente en eau douce et elle se manifeste par des taches blanches sur la partie antérieure du corps.
La pourriture des nageoires : elles se couvrent d'un dépôt blanc laiteux avec nécrose et "disparition" de celles-ci.
Le mal des branchies : leur viscosité augmente avec hyperplasie de l'épithélium. Les animaux touchés restent en surface, la bouche grande ouverte.
La pourriture des écailles : elles pourrissent et le poisson se paralyse.
Ulcères : cette infection commence par des taches blanches sur tout le corps qui ensuite se transforment en ulcères.
La maladie des eaux froides : points blancs ou bleus qui commencent sur la nageoire dorsale avant de s'étendre, elle est caractéristique des eaux inférieures à 10°C.
Il existe aussi un complexe particulier appelé la septicémie hémorragique qui est due à des bactéries et à des virus qui agissent en synergie, l'infection se propage à tout l'organisme avec ulcères, hydropisie, exophtalmie, hémorragies et nécrose du foie.
Les champignons
La saprolegniose : elle est aussi fréquente que l'Ichtyophtiriose et est d'ailleurs appelée communément "la maladie de la mousse", il s'agit de filaments qui forment une couche cotonneuse qui semble ne plus être là lorsque le poisson est sorti de l'eau. Les agents responsables sont Saprolegnia et Achlya qui détruisent les tissus et les embryons. A soigner d'urgence.
L'ichthyophonose : la peau prend un aspect rugueux avec desquamation et la nage est déséquilibrée.
La branchiomycose : atteinte des branchies qui sont blanchâtres avec asphyxie.
Les vers et les crustacés
A venir...
L'alimentation
Une nourriture trop abondante et trop riche en protéines avec peu de fibres provoque une hydropisie et une exophtalmie avec décès du poisson.
En conclusion, l'aquariophilie est une matière plus complexe qu'il n'y paraît à première vue.
Les points les plus importants sont d'avoir une eau saine et équilibrée et de réaliser une quarantaine à chaque introduction d'un nouveau pensionnaire afin d'éviter bien des déboires.
Tous les renseignements généraux donnés sur ce site le sont à titre purement informatif.
Texte mis à jour en juin 2008.